Des deux côtés
- bien malin qui dirait où sont les côtés de chez Swann ou de Guermantes -
alors je vous suggère simplement de retrouver ici différents temps d'enfance
tout au long d'un circuit qui part de la maison de tante Léonie
jusqu'au Pont-Vieux, au chemin des Aubépines, aux vestiges de St-Hilaire :
suivez-moi...


Les extraits suivants se trouvent dans Du côté de chez Swann,
Folio p 210 à 225, et 250 à 256
et dans La Pléiade, p 131 à 134, et 163 à 169.
Départ de la maison de tante Léonie
« Il y avait autour de Combray deux « côtés » pour les promenades,
et si opposés qu’on ne sortait pas en effet de chez nous par la même porte,
quand on voulait aller d’un côté ou de l’autre :
le côté de Méséglise-la-Vineuse, qu’on appelait aussi le côté de chez Swann
[…] et le côté de Guermantes […]
ils étaient posés comme l’idéal de la vue de plaine
et l’idéal de la vue de rivière. »
« Quand on voulait aller du côté de Méséglise, on sortait […] par la grande porte de la maison de ma tante sur la rue du Saint-Esprit. On était salué par l’armurier, on jetait ses lettres à la boîte […] et l’on sortait de la ville. » ![]() ![]() |
Bien qu'Islérienne de naissance, c'est seulement tout récemment que j'ai découvert
qu'au temps de Proust, et longtemps encore après, la poste se situait tout à côté
de la maison de tante Léonie :
ceci explique pourquoi Marcel allait y "jeter les lettres" de tante Léonie
en sortant par la rue du Saint-Esprit avant de partir en promenade.
La carte de gauche montre la rue du Saint-Esprit,
sur celle de droite on voit les personnes devant la poste et en face d'elles
la grille de la maison de tante Léonie.
Près de la tour et du lavoir
« Ce n’étaient plus que quelques fragments de tours bossuant la prairie […] dominés par les enfants de l’école des frères qui venaient là apprendre leurs leçons ou jouer aux récréations […] me faisant ajouter dans le nom de Combray à la petite ville d’aujourd’hui une cité très différente […] » |
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« Ils étaient semés des restes, à demi enfouis dans l’herbe, du château des anciens comtes de Combray qui au Moyen Âge avait de ce côté le cours de la Vivonne comme défense contre les attaques des sires de Guermantes et des abbés de Martinville. » |
Le Pont-Vieux
« Le plus grand charme du côté de Guermantes, c’est qu’on y avait presque tout le temps à côté de soi le cours de la Vivonne. On la traversait une première fois, dix minutes après avoir quitté la maison, sur une passerelle dite le Pont-Vieux. […] » |
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Et pour cause ! Il s’agissait d’un épouvantail ! |
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« […] faisant fleurir dans les petits étangs que forme la Vivonne, de véritables jardins de nymphéas […] on eût dit des pensées des jardins qui étaient venues poser comme des papillons leurs ailes bleuâtres et glacées. » |
Le sentier de halage
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« Nous nous engagions |
Le Pré Catelan
Le jardin privé que l’oncle Jules Amiot a légué à la ville pour en faire un parc public
est devenu dans le roman de Proust le parc de Swann.
Proust a situé le château de Swann à Tansonville dont il a gardé le nom dans son roman.
« Léonie, dit mon grand-père en rentrant,
tu ne reconnaîtrais pas Tansonville. »
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« Nous rencontrions, venue au-devant des étrangers, l’odeur de ses lilas. Quelques-uns, à demi cachés par la petite maison en tuiles appelée Maison des Archers, où logeait le gardien, dépassaient son pignon gothique de leur rose minaret. Les Nymphes du printemps eussent semblé vulgaires, auprès de ces jeunes houris qui gardaient dans ce jardin français les tons vifs et purs des miniatures de la Perse. » |
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« Je laissais les autres finir de goûter dans le bas du parc, au bord des cygnes, et je montais en courant dans le labyrinthe jusqu’à telle charmille où je m’asseyais, introuvable, adossé aux noisetiers taillés, apercevant le plant d’asperges, les bordures de fraisiers, le bassin où, certains jours, les chevaux faisaient monter l’eau en tournant, la porte blanche qui était la fin du parc en haut. » |
La barrière blanche : vers le chemin des Aubépines
C’est à la sortie à gauche en haut de ce parc « Nous nous arrêtâmes un moment |
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Le chemin des Aubépines
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« Je trouvai le petit chemin tout bourdonnant de l'odeur des aubépines. » |
« La haie formait comme une suite de chapelles […] Leur parfum s'étendait […] et les fleurs, aussi parées, tenaient chacune d'un air distrait son étincelant bouquet d'étamines […] La haie laissait voir à l'intérieur du parc une allée bordée de jasmins, de pensées et de verveines, entre lesquelles des giroflées ouvraient leur bourse fraîche du rose odorant et passé d'un cuir ancien de Cordoue. » |
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« Une fillette d’un blond roux qui avait l’air de rentrer de promenade […] nous regardait […]. Ses yeux noirs brillaient et […] pendant longtemps, chaque fois que je repensais à elle, le souvenir de leur éclat se présentait aussitôt à moi comme celui d’un vif azur, puisqu’elle était blonde : de sorte que peut-être si elle n’avait pas eu les yeux aussi noirs […], je n’aurais pas été comme je le fus, plus particulièrement amoureux, en elle, de ses yeux bleus . » |
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La barrière blanche : vers les champs
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« Je poursuivais jusque sur le talus qui, derrière la haie, montait en pente raide vers les champs, quelque coquelicot perdu, quelques bluets restaient paresseusement en arrière, [...] il m'annonçait l'immense étendue où déferlent les blés, où moutonnent les nuages, et la vue d'un seul coquelicot hissant au bout de son cordage et faisant cingler au vent sa flamme rouge, [...] me faisait battre le cœur, comme au voyageur qui aperçoit sur une terre basse une première barque échouée [...] et s'écrie, avant de l'avoir encore vue : " La Mer ! " |
« Ils (les champs) étaient perpétuellement parcourus, comme par un chemineau invisible, par le vent qui était pour moi le génie particulier de Combray […] On avait toujours le vent à côté de soi du côté de Méséglise, sur cette plaine bombée où pendant des lieues il ne rencontre aucun accident de terrain. » |
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« Ils leur ajoutent aussi un charme, une signification qui n’est que pour moi. Quand par les soirs d’été le ciel harmonieux gronde comme une bête fauve et que chacun boude l’orage, c’est au côté de Méséglise que je dois de rester seul en extase à respirer, à travers le bruit de la pluie qui tombe, l’odeur d’invisibles et persistants lilas. » |
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« […] Au sortir de ce parc, la Vivonne redevient courante. Que de fois j’ai vu, j’ai désiré imiter quand je serais libre de vivre à ma guise, un rameur, qui, ayant lâché l’aviron, s’était couché à plat sur le dos, la tête en bas, au fond de sa barque, et la laissant flotter à la dérive, ne pouvant voir que le ciel qui filait lentement au-dessus de lui, portait sur son visage l’avant-goût du bonheur et de la paix. » |
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« Nous nous asseyions entre les iris au bord de l'eau. Dans le ciel sérié, planait longuement un nuage oisif. [...] C'était l'heure du goûter. Avant de repartir nous restions longtemps à manger des fruits, du pain et du chocolat, sur l'herbe |
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où parvenaient jusqu'à nous, horizontaux, affaiblis, mais denses et métalliques encore, des sons de la cloche de Saint-Hilaire qui ne s'étaient pas mélangés à l'air qu'ils traversaient depuis si longtemps, et côtelés par la palpitation successive de toutes leurs lignes sonores, vibraient en rasant les fleurs, à nos pieds. » |